Mais pourquoi ils font grève ? Les enseignants sont tellement sympas, l’école est tellement extraordinaire, pour parler comme les Québécois. Je ne comprends pas pourquoi il y a grève générale
répètent à cœur joie les enfants, très impatients en ce début de septembre de reprendre l’école.
Pourquoi une grève ?
Au pays du compromis, cela peut paraître étonnant, mais l’est moins dans l’éducation en Colombie-Britannique. Il faut remonter à 2002 pour en comprendre les causes de ce mouvement social.
A cette époque en effet, les enseignants du secteur public se voient imposer par la Province de Colombie-Britannique un nouveau contrat de travail, et perdent en même temps le pouvoir de négocier la taille et la composition des classes.
Cette législation provinciale sera invalidée alors par la Cour suprême de la Province, ce qui va radicaliser la pression des enseignants par le moyen des grèves,
En 2012, une nouvelle décision de la Province en arrive à un autre accord qui ne prévoit aucune augmentation de salaire et qui sera en vigueur jusqu’en 2013.
En 2014, les grèves, au début tournantes, se durcissent et deviennent générales à la mi-juin 2014.
Après de longues semaines d’incertitudes et de négociations, un accord est enfin trouvé, cette grève prend fin, et la rentrée scolaire 2014/2015 a lieu le 21 septembre 2014, au grand soulagement des familles.
En tant que parent d’élève, plusieurs éléments marquants sont à relever dans ce système scolaire public.
- Communication régulière par voie électronique.
La rentrée scolaire commence d’abord par une commande sur Internet de fournitures. Et cela facilite la vie des parents.
Terminé en effet le temps passé dans des magasins pour des fournitures scolaires. Et en bonus, par la voie électronique, on bénéficie de tarifs plus avantageux.
Tous les échanges entre les parents et la direction ou équipe pédagogique de l’école se font par courriel.
Sans adresse électronique, vous ne serez informés de rien du tout, et cela sera plus compliqué pour prendre un rendez-vous.
Par ailleurs, tous les parents reçoivent au moins 1 fois par semaine les événements majeurs de la semaine.
- Structure moins hiérarchisée.
Il y a un accès plus facile au personnel de direction ainsi qu’à l’équipe pédagogique, ce qui est très appréciable.
Dès qu’un enfant semble en difficulté, j’ai pu apprécier la réactivité de l’enseignant pour trouver des solutions. - Ecole plus ouverte
L’école organise de nombreux événements. Outre les 2 spectacles annuels offerts, il y a d’autres événements organisés par l’école : Halloween, des événements autour de l’histoire des 1ères Nations, une course à pied en hommage à Terry Fox etc..
Une fois par mois le vendredi soir, l’école ouvre son installation sportive afin que parents et élèves puissent pratiquer de manière complètement informelle une activité comme le Basket ball, gymnastique, soccer etc…
C’est l’occasion de socialiser avec d’autres parents d’élèves, tout en transpirant un peu. - Apprendre à apprendre
Une approche que je trouve intéressante, c’est que l’enseignement favorise l’autonomie de pensée de l’élève. « Selon moi », « mon opinion est » sont des expressions que j’entends souvent au repas du soir à la maison. Le tout par cœur ne semble pas faire partie de la pédagogie ici au Canada. - Mener des petits projets.
Très tôt dans leur éducation, on confie aux enfants des mini-projets à mener (différentes thématiques) qui font l’objet de présentation devant la classe. La prise de parole et l’utilisation de l’outil office PowerPoint deviennent vite une seconde nature, et cela très tôt dans leur éducation. - Un Mac Book Pro ou une Tablette Ipad pour chaque enfant
Chaque enfant se voit attribuer nominativement un portable Mac Book ou un Ipad (pour les plus jeunes). L’enfant doit signer en début d’année une charte de bonne utilisation de son Apple. Mes enfants commencent à devenir agiles dans l’utilisation de ces outils.
Désormais, je leur délègue le montage de mes propres vidéos. - Atelier pour parents d’élèves nouveaux immigrants
Pendant ma 1ère année à Vancouver, j’ai eu le droit également à des ateliers m’expliquant mon rôle de parent d’élève dans ce système scolaire canadien : comment interpréter les résultats scolaires, comment aider les enfants à faire leur devoir et apprendre les leçons etc…J’ai même eu droit à un autre atelier d’une demi-journée m’expliquant comment préparer un lunch box équilibré pour éviter la facilité de la Junk Food. L’équipe nous a sensibilisé sur la préparation de fruits et de légumes pour prévenir les risques d’obésité, plus fréquents chez les immigrants (venant directement de pays du tiers monde).
Avant chaque période de vacances scolaires, une entrevue avec les enseignants est prévue pour faire le point sur les résultats scolaires de l’enfant.Dans ce système, le volet développement personnel (apprentissage du travail d’équipe, respect des règles communes etc…) est aussi important que le volet académique plus classique.
- Le français dans un environnement anglophone dominant
L’école où est scolarisée mes enfants est une école publique francophone, adoptant le programme scolaire officiel de la Colombie-Britannique.
100% francophone certes, mais le programme reste différent du programme français.
C’est le Conseil scolaire francophone de Colombie-Britannique (CSFBC) qui définit les critères d’admission des enfants qui sont (en théorie !) les suivants :
– si leur langue maternelle est le français ;
– s’ils ont reçu leur instruction primaire en français au Canada ;
– s’ils ont un enfant qui a reçu son instruction au niveau primaire ou secondaire en français au Canada ;
– s’ils ont un enfant qui a déjà commencé ses études en français au Canada.
Il est nécessaire de consulter la liste des écoles francophones pour trouver l’école la plus proche du domicile.
Dans la réalité, j’observe qu’une majorité des enfants ont l’anglais comme langue dominante à la maison.
Dès qu’ils quittent leur salle de classe, je dirais même que 90 % des élèves s’expriment en anglais, malgré l’interdiction de parler une autre langue que le français dans l’enceinte de l’école.
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2 Commentaires
Il est toujours intéressant pour des français d’observer ce qui se fait dans les écoles canadiennes. Les points « Apprendre à apprendre » et « Mener des petits projets » sont vraiment deux approches qui nous font cruellement défaut de ce côté-ci de l’Atlantique.
Il me semble qu’ainsi au Canada on incite plus les gens qu’en France à passer à l’action, justement en les entrainant à mener des petits projets dès le plus jeune âge, même si c’est imparfait. Et on favorise l’état d’esprit que “c’est possible”.
En tout cas c’est l’impression que j’en ai de l’extérieur. Merci pour cet article.
Merci Blandine. Le système canadien n’est pas parfait; mais il a beaucoup d’avantages, surtout par rapport aux tempérament de mes filles.
Ils est beaucoup moin elitiste, et l’équipe pédagogique est plus accessible aux parents. A Paris, ma fille ainée a eu des périodes de surmenage scolaire à 8-9 ans, car elle croulait sous les devoirs ! J’ai eu des contacts difficiles avec l’enseignante !!